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Retour20 mai 2025
Davide Buscemi - dbuscemi@medialo.ca
« Le poisson roi chez nous, c’est le doré jaune »
Ouverture de la pêche au doré
©Photo gracieuseté.
Félix Goulet offre un service de guide de pêche en Abitibi-Témiscamingue.
La date du 16 mai a été cochée sur les agendas des passionnés de pêche. C’est le feu vert pour la pêche au doré jaune, au doré noir et au brochet. L’expert pêcheur, Félix Goulet, nous a accordé un entretien fleuve à ce sujet.
Félix Goulet était au moment de l’entrevue (le 8 mai) au lac Ontario, dans la région de Niagara pour la pêche du saumon et de la truite. Il est depuis revenu « naviguer » en Abitibi-Témiscamingue pour l’ouverture de la pêche au doré et au brochet le 16 mai.
L’ouverture de la pêche au doré s’est effectuée le 16 mai pour le bonheur des passionnés. Félix Goulet a inscrit cette date à son calendrier également. Il est expert des autres poissons, par ailleurs. « Je suis guide aussi pour le brochet, l’achigan à petite bouche, la truite mouchetée, la truite grise, etc. »
Les créneaux saisonniers décrétés par le ministère de l’Agriculture et des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ) découlent de la période de reproduction des poissons.
La qualité de l’eau et donc celle du poisson est a priori meilleure chez nous que dans le lac Ontario bien qu’il faille aussi tenir compte de son immensité. « Le lac Ontario est un petit peu pollué à cause des grandes industries tout autour mais la masse d'eau est tellement grande qu’habituellement ça n’affecte pas trop les poissons », explique M. Goulet.
« On ne se fera pas de cachette. Effectivement, le poisson est meilleur en Abitibi-Témiscamingue même si du fait de l'industrie minière certains plans d'eau ont été endommagés », nuance ce Palmarollois.
D’un même souffle, il évoque les réservoirs. « La qualité de l'eau est bonne mais un réservoir inondé voit la matière ligneuse se détériorer tranquillement dans l'eau. Elle peut laisser échapper toutes sortes de petites toxines comprises dans le bois. »
Cela dit, Félix Goulet mange du poisson depuis des années et il ne s’est « jamais mal porté ».
Les autres poissons
D’autres pêches sont déjà possibles : l’omble de fontaine (se reproduit en septembre-octobre), l’omble chevalier, le touladi, la truite Arc-En-Ciel et autres sont accessibles à vos cannes du 25 avril au 14 septembre.
Le 1er avril a marqué l’entrée en scène de la perchaude, « la petite sœur du doré jaune. Elle appartient à la famille des percidés. ». La perchaude est une proie des dorés et des brochets ».
La perchaude pullule partout sur notre territoire. Sa prise maximale quotidiennement s’élève à 50. Pour le doré/brochet, la limite est de 6 prises par jour.
En revanche, pour l’esturgeon, les achigans, il faudra attendre le 15 juin. « La pêche à l’achigan à petite bouche ouvre plus tard car cette espèce va frayer plus tardivement. Cette dernière présente la caractéristique de protéger ses œufs et même les alevins, et ce, de manière très agressive. « Si je lance mon leurre à proximité de son nid, elle va l’attaquer pour l’éloigner. »
Si on pêche un achigan avant la date requise, on peut le mettre en danger car il est fragilisé. Les minutes qui s’écoulent entre la prise du poisson et sa remise à l’eau peuvent lui coûter cher. Quand il retourne à son nid, il se peut qu’il soit vide après le passage d’un prédateur (barbotte, meunier). Dans ces temps-là, c’est un poisson « très fragile et vulnérable ».
La pêche à l’esturgeon ne se fera que jusqu’au 31 octobre. Pour arriver à maturité, ça lui prend plusieurs années. La prise maximale quotidienne est d’une unité.
« C’est une pêche de patience mais c'est une belle pêche l’esturgeon. Il peut peser de 20 à 70 livres et sa taille dépasse le mètre allègrement. Ça donne un super combat. Un très bon défi. Je recommande aux pêcheurs de manipuler le poisson avec soin, et de le relâcher après avoir pris une photo. »
Ça tombe bien car « les pêcheurs espèrent toujours prendre le monstre de leur vie ».
En revanche, la saison pour brochets et dorés s’achèvera le 31 mars 2026 selon la planification.
D’autres espèces ne sont pas assujetties à la réglementation telles que la laquaiche aux yeux d’or et la barbotte. « On peut toujours pêcher mais c’est vraiment mieux d'attendre l'ouverture officielle de la pêche. @R:On évite les ambiguïtés si jamais on se fait vérifier par les agents de la faune et que vous leur dites moi je pêche la barbotte mais ils voient que vous avez attrapé un doré. Puis, en respectant la date officielle, il y a le côté éthique qui respecte la période de reproduction du poisson. »
Limite de possession
Une nuance est à connaître. « La limite quotidienne équivaut à la limite de possession qui est la limite qu'on a le droit d'avoir dans notre congélateur/réfrigérateur à la maison. Si je prends 6 dorés et que je les conserve pour les manger ultérieurement, je n'ai pas le droit de retourner à la pêche le lendemain et de reprendre 6 dorés. Je pourrais le faire mais il faudra que je les remette à l'eau », dissèque-t-il.
Tailles limitées
« Présentement, le plan de gestion (existant depuis 10 ans) stipule que les pêcheurs doivent conserver uniquement les poissons de 32 à 47 cm. En deçà de 32 cm, les poissons doivent être remis à l’eau car pas matures sexuellement. »
« De 32 à 47 cm, c'est la population dorée qu'on va pouvoir conserver. Pour les spécimens de 47 cm et plus, on doit les remettre à l’eau également. Plus le poisson est grand plus la femelle va pouvoir contenir des œufs. Grâce à ce plan, on a vu une très grande amélioration des populations de dorés. »
Respecter le cours naturel
La période de frai doit être respectée. « On est mieux de les laisser tranquilles pour nous donner une bonne qualité de pêche », affirme-t-il.
La date du 16 mai est également propice à une pêche plus fructueuse, température en hausse oblige. « Habituellement, en début de saison, c'est toujours un petit peu plus difficile parce que l'eau est très froide. Les poissons sont des animaux à sang froid ; plus l'eau est froide plus ils ralentissent leur activité. »
Cela dit, les réalités nous rattrapent. « Les changements climatiques font qu'il n'y a pas un printemps qui est pareil », constate l’expert en activités halieutiques.
Citée plus haut, la truite Arc-En-Ciel que l’on trouve en Abitibi-Témiscamingue est un poisson ensemencé. « Ce ne sont pas des poissons natifs », précise celui qui a débuté sa carrière, enfant, sur les berges de la rivière Dagenais où il affrontait laquaiches aux yeux d’or, barbottes, perchaudes, et autres dorés jaunes ou noirs.
Parmi les autres salmonidés, les deux poissons que l’on retrouve naturellement dans notre région sont l'omble de fontaine et le touladi.
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